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Jubilé des Artistes, Juillet 2000

 

2000 ans de christianisme :

COMMENT l’EVANGILE A TRANSFORME l’ART.

Jean-Noël DUMONT

 

 

Ecoutez la conférence en ligne: 1ère partie

Ecoutez la conférence en ligne: 2ème partie

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L'ancien testament et les images

Les signes

La beauté et l'être

Une expérience ...

La bonne nouvelle !

Libre!

La beauté sans la fascination

I

UNE LIBERATION

L'interdit de l'images

L'homme: à l'image de Dieu!

La foi et le sacré

Un seul médiateur.

L'art

Une invention chrétienne

L'art saint

La querelle des iconoclastes

Une nouvelle "mode" en occident: l'Icone

L'art baroque: l'art de l'incarnation?

Sacralité et sainteté

II

LE VISAGE et L'INCARNATION

Jésus: UN homme, UN visage

L'image et la ressemblance

Hegel et les ages de l'art

Un trésor

Jésus n'est pas Apollon

Le portrait de Monsieur Machin

Un message pour l'art chrétien?

L'espérance

III

OU ALLONS NOUS?

L'art contemporain: un refus, un désespoir

Le musée, un cimetière?

Une révolte symptomatique

Le retour au symbole, un retour en arrière

Le mystère

L'intolérable

CONCLUSION

Un art de résurrection

 

 

 

Paray le Monial

Une nouvelle "mode" en occident: l'Icone

Je disaient donc que la foi chrétienne a rendu possible l'art profane. Qu'on me permette une parenthèse, pour souligner que nous connaissons depuis quelques décennies ce que j'appellerai rapidement une mode de l'icône. Cette mode de l'icône est largement un aveu d'échec de la création contemporaine. C'est au fond et heureusement qu'elle existe en quelque sorte et qu'elle nous permet de renouer avec une tradition qui avait été oublié en occident, mais au fond c'est un aveu d'échec de la création contemporaine. Et je me permettrais d'ajouter que l'icône n'est pas tout à fait catholiques, ce qui est le moins que l'on puisse dire. Et l'icône n'est pas tout à fait catholiques en ce que justement elle est encore porteuse de l'iconoclasme. Elle porte encore le souvenir de l'iconoclasme. Et porte encore le souvenir de l'iconoclasme par la manière qu'elle a d'exclure justement le monde profane. Il n'y a pas de représentation du monde profane dans le monde de l'icône.

L'art baroque: l'art de l'incarnation?

Et c'est en ce sens que si l'on pouvait avancer une hypothèse, mais cet après-midi ce qui resteront avec moi pour discuter pourront m'aider à corriger ce que mon propos a de rapides, si il y a un art spécifiquement chrétien, c'est l'art baroque, c'est-à-dire ces flots de créatures toutes mélangées emportées par toutes les émotions possibles et qui associe sans barguigner aussi bien les représentations du monde profane que celle du monde religieux. Je me demande si au fond, non seulement notre attention à l'icône est un aveu d'échec par rapport à la création contemporaine mais au fond si elle n'est pas aussi , c'est une hypothèse que je livre à votre amitié, si elle n'est pas aussi un certain tarissement de notre foi en la positivité même de la beauté de ce monde, en la fécondité même de ce qui est de l'ordre de l'émotion, du corps, de la chair.

Comparons si vous voulez, cinq minutes en souriant, une icône et un tableau de Rubens. Évidemment la chair n'y a pas tout à fait le même statut si j'ose dire mais au fond je crois que le sens de l'incarnation est d'un certain point de vue plus juste dans l'œuvre de Rubens qu'elle ne l'est dans l'icône, qui me semble un peu trop de dépouillé et finalement signe une espèce d'usure de la perception même des grâces qui nous sont données dans ce monde.

Sacralité et sainteté

Donc je disais: émancipations de l'art par sa désacralisation. Aussi convient-il mieux de parler de sainteté plutôt que de sacralité. Je terminerai par un dernière exemple pour vous permettre de percevoir la différence entre la sainteté et la sacralité, cet exemples est classiques il est scolaires,: c'est la différence entre le temple et l'église.

Le temple c'est le monde est sacré séparer du profane puisque le profane c'est ce qui est devant le temple. Et le temple on ne le sait pas assez, c'est un lieu dans lequel on n'entrait pas. Les temples grecs ne se sont faits que pour être vue de l'extérieur, tout se déroule en dehors C'est un lieu clos comme une pyramide était un lieu clos un lieu mort, un lieu porteur de mort, porteur mémorial de la mort, le contraire de la résurrection. Et ce lieu clos porteurs de mort est inaccessible à tout être vivant.

Au contraire une église est une architecture dont la beauté ne se voit que quand on y rentre. Dans une église finalement, à l'extérieur qu'est ce que je vois: je vois les contreforts, je vois des éléments d'architecture qui sont nécessaires à sa solidité, mais c'est à l'intérieur de l'Église que je rencontre la lumière que cette église me propose. Et je ne peux vraiment en découvrire la beauté que si j'y rentre. Et donc je ne suis pas dans cette perspective de terreur sacrée qui me ferait rencontré l'absolu que sous la forme d'une négation de ma misère humaine.

 

II LE VISAGE et L'INCARNATION

 

Deuxièmement je disais que ce que la foi chrétienne a apporté, c'est le visage, et le sens de la personne. Ceci est encore plus classique. Il est dit partout , et à juste titre, que ce que l'art chrétien a apporter au monde c'est le visage. Parce que la foi au christ ressuscité assume la personne et l'humanité dans son intégralité. D'ailleurs on pourra dire, et j'en dirai quelques mots en terminant, que ce qui fait probablement l'expérience la plus profonde de l'athéisme c'est la disparition du visage.

Jésus: UN homme, UN visage

Et c'est à travers donc de la rencontre du christ que l'homme peut renouer avec son propre visage, être réconciliés avec son visage. On sait que la foi dans l'incarnation d'ailleurs, est ce qui a permis de trancher la querelle de les iconoclasme. Puisque les Pères pour trancher la querelle ont dit: puisque en Jésus Christ vrai Dieu et vrai homme, Dieu s'est fait homme, ou plutôt il ne convient pas de dire que Dieu s'est faite homme, il convient de dire que "Dieu s'est fait UN homme" car pour être homme il faut être un homme, un homme singulier, un individu. Souvent on dit Dieu s'est fait homme parce que l'on croit que c'est une espèce d'humanité globale qu'il a assumé, mais Il n'a pas assumé une humanité globale Il n'a assumé l'humanité que parce qu'il l'a assumé dans sa singularité. Il fallait qu'il soit un homme singulier avec tel ou tel traits de tels ou tels, pourquoi pas caractère, que sais je, bien qu'il n'y ait pas à proprement parler de psychologie du christ. Puisque Dieu s'est fait un homme on peut représenter sans crainte des figures humaines.

L'image et la ressemblance

L'incarnation restaure la plénitude de l'image et de la ressemblance. L'écriture nous dit: Dieu a fait l'homme à son image et à sa ressemblance, le péché disent les pères n'a laissé que l'image, sans la ressemblance. Nous avons l'image, nous n'avons plus que la ressemblance. Et ce qui hante les artistes, ce qu'ils cherchent, c'est à retrouvés à travers l'image précisément la ressemblance. Or il y a un seul lieu où l'image et la ressemblance à nouveau coïncide c'est Jésus christ. Il y a une seule image par où vient se restaurer notre humanité c'est celle de Jésus christ nouvel Adam.

Donc puisque par l'incarnation est restauré la plénitude de l'image et de la ressemblance, est restauré aussi ou est instauré plutôt, la possibilité même de représenter l' humanité y compris dans ses aspects les plus humbles les plus profanes, je le disais tout à l'heure, ou les plus familiers.

Hegel et les ages de l'art

Demandons à un grand philosophe de nous accompagner quelques instants: Hegel. Hegel qui a écrit huit volumes, je crois d'esthétique que nous ne résumerons pas ce matin, dégage toutefois quelque chose un qui me paraît essentiel pour notre propos, il dit avec les simplifications imposé qu'il y a trois grands âges de l'art.

Il y a l'âge symbolique, il y a l'âge classique et il y a ce qu'il appelle l'âge romantique mais qui n'est autre que l'âge chrétien.

L'âge symbolique est celui de la représentation du divin. L'age symbolique est caractérisé par le monumental. Quand l'homme a voulu représenter le divin, il a représenté le monumental, l'écrasant le disproportionné, les pyramides ; Qui me restent extérieur et m'écrasent. Quand l'homme a voulu représenter le divins il l'a représenté à travers le symbole impersonnel, énigmatique : le cercle, le triangle, la flamme, que sais-je. Ou alors il l'a représenté à travers des monstres. Vous savez on répète souvent ce propos comme quoi les hommes ont peint Dieu à leur image, c'est complètement faux. Car quant vous prenez toutes les civilisations que le monde a connu, l'immense majorité de ces civilisations quant elles ont peint les dieux, les ont peints sous forme de chacal, de chouettes, de crocodiles, de montres de toutes sortes. Quand l'homme veut représenter le divin il représente le monstrueux, ce qui est la source de ses terreurs et c'est ça qui précisément est l'essence même de l'art symbolique.

Un trésor

L' homme qui représente dieu en se niant lui-même. Et voilà ce que dénonce à travers l'Egypte les écritures. C'est que finalement si l'homme, affirmant dieu en se niant lui-même, s'annule lui même devant le divin, il croit que l'absolu suppose la négation du relatif. Or ce que nous apprend l'incarnation, la foi en Jésus Christ c'est que l'absolu n'est pas négation du relatif mais assomption du relatif. Et que si Dieu est l'Éternel cela ne veut pas dire que l'instant est insignifiant, si Dieu est l'Éternel cela veut dire que chaque instant est précieux. Mais spontanément nous pensons si dieu est éternelle alors l'instant présent est insignifiant que vaut une fleur qui passe. Au contraire la foi chrétienne consiste à dire si Dieu est éternelle, la fleur qui passe dans son caractère éphémère mêmes est encore signe de Dieu, chante encore la beauté de Dieu.

Jésus n'est pas Apollon

Dont je disais l'age symbolique est la représentation du divin, l'age classique à travers lequel Hegel désigne la grande période grecque, celle de l'apogée de l'art indépassables et nous ne ferons jamais mieux que l'art grec, c'est la parfaite coïncidence de l'images et de l'idéal.

Et l'art grecque représente effectivement, n'ont pas le divin mais le dieu. Le divin c'est ce qui me nie, c'est ce qui m'éloigne de moi, c'est ce qui m'écrase. Le Dieu lui est représenté il est vrai sous forme humaine mais cette forme humaine est idéalisée. C'est Apollon, C'est Poseïdon ces Vénus c'est-à-dire, au fonds, encore une forme de négation de l'humanité dans sa vulnérabilité. Apollon c'est l'invincibilité de la force, c'est l'invincibilité de la sagesse, de l'équilibre, de l'harmonie.

Mais, et c'est pourquoi on ne peut pas imaginer Jésus Christ en Apollon car Jésus c'est au contraire l'assomption même de la vulnérabilités et non pas la négation de la vulnérabilité. Et le salut chrétien ne consiste pas à rejeter nos infirmités, nos maladies , nos misères mais consiste au contraire a les assumer. Et à travers de l'idéalisation grecque, à travers l'idéalisation de la statuaire grecque qui est ce qui nous reste essentiellement on présente donc cette négation encore poursuivie de l'homme.

C'est d'ailleurs pourquoi Hegel fait remarquer la profonde mélancolie de l'art grec, sur laquelle il conviendrait de revenir, mélancolie de l'art grec qui vient justement de ce que en même temps que cet idéal est posé, il est éloigné. Et à travers là encore la position de cet idéal l'homme finalement continue de s'aliéner, c'est-à-dire, continue de se séparer de soi; il ne reviendra a soi que par celui qui est venu à lui : Jésus christ. En Jésus Christ, Dieu n'est pas un surhomme où s'effaceraient tous les plis des douleurs humaines, il n'est pas une impersonnelle figure de marbre, on ignore même si Jésus était beau. Origène dit qu'il était laid. Sans doute influencé par la figure de Socrate. Mais, en tout cas rien ne nous est dit d'aucune manière de la beauté de Jésus, de ce que l'on appelle humainement une beauté et c'est précisément par là que nous est donner le sens d'une véritable beauté qui n'est pas idéalisation qui n'est pas épure qui n'est pas négation du relatif.

Je vous relie quelques lignes de Hegel qui dit:

" le christ flagellé, couronnée d'épines, expirant dans les tourments d'une mort pleine d'angoisses et de souffrances ne se laisse pas représentés sous les formes de la beauté grecque. Mais ce qui est exprimée dans cette situation c'est la grandeur et la sainteté, la profondeur du sentiment, le calme divin dans la souffrance ". Et quelques pages plus loin le très luthérien Hegel à une page admirable sur les représentation de la vierge marie qu'il oppose justement aux représentations de Niobé qui reste impassible dans la douleur alors que les représentations de la vierge marie assume aussi cette vulnérabilité de notre chair et de nos sentiments.

L'absolu divin, dans l'incarnation assume le plus fragile et le plus relatif .

Le portrait de Monsieur Machin

Voilà pourquoi il est classique de dire que ce que le christianisme a apporté à l'art c'est le portraits. Les autres civilisations ne connaissent pas le portrait, connaissent peu le portrait. Il y a des prototypes, il y a des archétypes qui sont donnés, on représente l'empereur de telle manière, on représente le sage de telle manière, etc. Mais s'intéresser au portrait et à la singularité de cet homme c'est vraiment l'accomplissement de la démarche chrétienne et c'est pourquoi aussi je disais l'art chrétien mais c'est l'art profane car il est typiquement chrétien de faire le portrait de Monsieur Machin. Et il est possible de faire le portrait de Monsieur Machin parce qu'il est possible de faire le portrait de Jésus christ. .Et que c'est à travers le visage de Jésus christ que le visage pourtant combien lourd et stupide de Monsieur Machin resplendit comme au matin de la résurrection.

Un message pour l'art chrétien?

Finalement le message même de ce que l'on pourrait appeler à un art chrétien cela serait à travers la lourdeur de toute chair de manifester l'espérance de la résurrection, la libéralisation de la résurrection.

L'espérance

J'avais appris cela d'un acteur chrétien qui s'appelait Jean Négroni, _ je ne sais pas pourquoi j'en parle au passé peut-être vit-il encore, Je le lui souhaite,_ qui lorsqu'on l'avait interrogés sur ce que représentait son métier d'acteur par rapport à la foi, disait que, en tant qu'acteur il avait le sentiment de donner à chacun de ses personnages la chance de la rédemption. Il a représenté, Jean Négroni avait été célèbre en son temps pour avoir joué le personnage de Robespierre, alors on peut toujours jouer le personnage de Robespierre comme étant un être froid, une brute ou un salaud, mais le véritable artiste est celui qui montre que finalement il n'y a pas radicalement de brute de salaud et que derrière tout homme même si son visage est déformé par la haine ou par la douleur, on peut pressentir l'espérance de la résurrection.

Donc par la beauté du corps, par la beauté du visage, le corps devient tout entier âme non pas en refusant le sentiment mais en l'assumant. Voilà ce qu'a apporté la foi chrétienne à l'art : une libération des terreurs antiques, une restaurations pour l'homme de sa propre dignité comme seule véritable image de Dieu, créé à l'image de Dieu.

III

OU ALLONS NOUS?

 

Mais je ne peux pas m'empêcher. Je n'ai pas pu m'empêcher en préparant ce petit exposé pour nous ce matin, de nous interroger sur ce que nous devenons. Où allons-nous ? Et qu'est devenu cette espérance qui a rendu possible l'art chrétien, qu'est devenu cette espérance qui a rendu possibles finalement des formes joyeuses et pleines d'espérances.

L'art contemporain: un refus, un désespoir

L'art contemporain ne connaît-il pas un tarissement?, ce tarissement ne vient-il pas précisément de ce qu'il se coupe de la foi en l'évangile. Si l'image, je le disais tout à l'heure, est une troué vers l'au-delà, la tentation n'est elle pas grande de boucher cette troué, de bouger rageusement cette ouverture, de refuser cette insupportable délivrance.

Peut-être aujourd'hui le sacrilège est-il tout ce qui nous reste de l'expérience désespérée du sacré. C'est d'ailleurs pourquoi aujourd'hui probablement c'est à travers des auteurs sacrilèges que l'on peut pressentir souvent de la manière la plus juste quelque chose qui s'approche d'une expérience religieuse. Je pense par exemple à Rimbeau et a tous ces épigones. Et il est vrai que le petit Rimbeau écrivant " Mère d'adieu " sur les bancs de Charleville formulait quelque chose qui est peut-être plus près d'une prière que bien des Pater noster un peut formels.

Mais au fond cela veut dire que pour celui qui a perdu l'espoir il ne peut plus aller au ressuscité que dans la dérision, la provocation, le sacrilège, le blasphème. Hegel parlait de la mélancolie de l'art chrétien, pourrait-on parler du désespoir de l'art contemporain, du désespoir de celui qui referme sur lui-même les portes de sa prison

. Je prendrai simplement deux exemples qui me semblent typiques et sur lesquels je m'interroge . Et comme vous avez eu l'imprudence de m'inviter ce matin que je vous fais part de mes interrogations.

Le musée, un cimetière?

La première chose qui me trouble dans l'art contemporain c'est le musée. C'est l'institution qui fait exister l'oeuvre. Ce musée ce n'est plus le temple, ce n'est plus l'église, des statuts et des tableaux nous attendent immobiles, muets, alignés dans un espace aux lumières mortes. Des œuvres de tous styles, de toutes époques sont mis côte à côte, un masque africain à côté d'un bouddha, un crucifix à côté d'une vaisselle. Allo, allo (problème de micro)…. Je disais donc que une des choses qui pour moi font question dans ce que l'on appelle l'art contemporain c'est existences du musée, de la salle de concerts même, de tout ce qui transforme de l'art en un spectacle.

Et je disais donc que le musée, a pour ainsi dire remplacé l'église et le temple puisque des statues et des tableaux muets alignés nous attendent, y compris dans le silence de la nuit quand il n'y a plus que le gardien pour arpenter ces salles, nous attendent des oeuvres de tous styles de toutes époques mis côte à côte, je citais un masque africain à côté d'un Bouddha, un crucifié à côté d'une vaisselle, qu'est-ce que ces oeuvres collectionnées ont de commun ? Si ce n'est l'égale déracinement qui les coupe de leur histoire. Pour le restitué de manière purement encyclopédique, qui les coupe de leur histoire et qui les coupe de leur usage pour les faire rentrer précisément dans une page scolaire où l'on pouvait tout aussi bien les classés par ordre alphabétique.

Tout ce qui leur donnait un sens à disparu, la statue n'est plus le support de la dignité, le tableau n'est plus une offrande et qui songerait à se mettre à genoux, dans un musée, devant un crucifix? Le musée au fond c'est l'universalité impersonnelle de l'état ou de l'école qui veut ignorer les expériences religieuses à l'origine des œuvres, ou plutôt qui veut mettre toutes les expériences religieuses au même niveau.

Une révolte symptomatique

Que peuvent faire des créateurs contemporain porteur d'une mémoire aussi lourde avec un tel musée derrière eux. Et bien on le voit : un créateur contemporain porteur de la mémoire du musée n'a plus d'autre ressource que de briser l'oeuvre d'art, qui l'écoeures. Il refuse ce caractère scolaire, ce caractère encyclopédique et du coup un bon nombre des manifestations de l'art contemporain reviendront à briser l'oeuvre elle-même, comme portant l'insoutenable souvenir de ces musées.

Le retour au symbole, un retour en arrière

Le deuxième point, le deuxième symptôme, de ce tarissement possible de l'art contemporain que je voulais proposé ce matin, c'est le retour au symbole, y compris dans le monde chrétien. Et c'est peut-être dans le monde chrétiens qu'il est le plus redoutable ce retour au symbole. Car Hegel nous l'a bien dite l'art symbolique, c'est l'art le plus primitif, celui où l'esprits pour le coup est enfermés dans la chose comme dans une énigme.

Hegel dit joliment le sommet de l'art symbolique, c'est le sphinx. Cette figure énigmatique par excellence du sphinx qui est mélange d'animalité et d'humanité, association d'animalité et d'humanité où finalement l'homme ne parvient pas à reconnaître sa propre image. Alors que l'art chrétien n'est pas celui des l'énigme mais est celui du mystère. L'énigme c'est le cacher c'est ce que l'on pourra trouver à l'issue de l'examen d'arcanes, de révélations particulière, de gnose.

Le mystère

Le mystère, ce n'est pas le cacher, le mystère c'est l'évident. Rien n'est plus mystérieux que l'évidence et la beauté c'est précisément cette expérience de la coïncidence du mystère et de l'évidence. Et c'est pourquoi le visage est mystérieux alors que le symbole n'est qu'énigmatique. Le symbole demande à être déchiffré, le triangle par exemple, le visage se livrent de soi, il s'expose de soi.

L'intolérable

Or tout se passe comme si pour nos contemporains le visage était devenu intolérable. Comment peut-on avoir aujourd'hui l'audace de peindre une simple face? Comment peut-on avoir aujourd'hui l'audace de représenter Jésus christ, alors que dans la peinture contemporaine le visage a disparu. Que finalement la dernière émergence de ce visage c'est l'oeuvre de Bacon ses espèces de saintes faces giflée par la honte. Derrière chaque visage il n'y aurait au fond, et c'est bien ce que nous montre Bacon, il n'y aurait plus que la mort alors que précisément l'art Chrétien nous révèle que derrière chaque visage et il y a la résurrection.

 

CONCLUSION

Un art de résurrection

Vraiment ces difficultés réelles, me semble-t-il, de l'art contemporain nous rappellent à quel point l'art chrétiens est délivrance, des fascination, délivrance du désespoir, il est un art de la résurrection.

Que faire alors? Faut-il faire renaître un art chrétien ? On ne le fera pas par volontaristes, on ne le fera pas au terme d'un programme, d'une campagne, d'une politique disant : " faisons de l'art chrétien ". On ne peut pas remonter la pente et reconquérir par volontarisme une beauté qui ne se donne que par grâce. Vouloir faire à tout prix un art chrétien se serait encore une manière de tomber dans l'esthétisme. La beauté ne peut pas être cherchés elle découle par surabondance de la joie et de la foi.

Aussi en ce jubilé des artistes faut-il nous rappeler que la foi n'est pas d'abord une expérience esthétique et que la foi nous invite a démêler ce que l'expérience esthétique à de confus que j'ai essayé de rappeler ce matin. La foi cette expérience de la rencontre du christ ressuscité dont on ne sait pas si il est beau. Cette expérience est délivrance, elle est sérénité, elle donne le sérieux de la vie. Cette expérience est grave , elle n'est pas belle. Rémi Brague ? dit joliment ce n'est pas l'hostie qui est une oeuvre d'art mais l'ostensoir qui rayonne à partir d'elle. Pour qu'il y ait des ostensoir, il faut qu'il y ait des hommes pour contempler le seul signe vivant en l'hostie.

Alors l'espoir des chrétiens pour les années avenir et à travers la célébration de ce jubilé n'est pas de reconstituer un art ancien ni de bricoler un art nouveau, l'art de toute manière est libre, il est autonome, je le rappelais tout à l'heure. Il est libre de se déployer et il doit être laissé à son autonomie. Ainsi L'église n'a pas à chercher par exemple à produire des œuvres d'art, mais elle a et depuis sa mission originelle à faire connaître la bonne nouvelle, à faire de vivre un peuple de baptiser.

Parce que celui qui a la foi, dit et voit que le monde est beau, comme Dieu le vit au premier matin. Alors celui qui a la foi ouvre la possibilité d'un art authentique. Pour conclure, je dirai que nous n'avons pas besoin d'artistes pour prier mais ce sont les artistes eux qui ont besoin d'hommes en prière.

 

 


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